Page:Leroux - De l'humanité, de son principe, et de son avenir, Tome 1, 1860.djvu/280

Cette page n’a pas encore été corrigée

à un non-moi qui est encore nous ? Ne seraient-ce point par hasard ces mêmes passions particulières qui nous empêchent précisément de reconnaître cette vérité ; et n’est-ce point parce que nous mettons trop exclusivement notre vie, par suite de notre ignorance, dans tels ou tels de nos semblables, que nous n’apercevons plus clairement le lien qui nous unit à tous nos semblables ? Quoi qu’il en soit, il est donc certain, 1) que ces passions nommées amour, amitié, haine, etc., ont leur siège et leur résidence en nous, existent subjectivement en nous, à tel point que si elles n’étaient pas en nous, bien qu’invisibles, nous ne serions pas. Ainsi d’abord ces passions bonnes ou mauvaises, c’est nous, ce sont des hommes, c’est l’homme. Eh bien, il en est de même, sous ce premier rapport, de l’être abstrait ou universel appelé humanité. L’humanité, c’est la nature humaine en nous, c’est-à-dire la nature générique de l’homme contenue virtuellement en nous dans toute son infinité, et réalisée partiellement d’une certaine façon constituant à la fois notre particularité et notre vie présente. 2) mais il est également certain que ces mêmes passions, l’amour, l’amitié, etc., ont encore leur siège dans les objets de cet amour, de cette amitié. Car ces objets sont nécessaires pour que ces passions existent, et ces objets causent invinciblement