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c’est la chimère du néant ou la chimère du paradis. Et l’une de ces chimères nourrit l’autre. Devant la vie future progressive au sein d’un infini, d’un éternel toujours présent, ces deux chimères s’évanouissent. Ne vous cherchez pas de vie absolue ; ne vous cherchez pas de ciel hors de l’infini créé, c’est-à-dire hors du temps et de l’espace. Hors de l’infini créé, il n’y a d’existence absolue que la vie infinie de Dieu, de l’être existant éternellement par lui-même. Et quant à la vie continuée dans l’infini créé, ne la rêvez pas comme différente par essence de votre vie présente. Vous cesseriez d’être, si, en continuant d’être ou en étant de nouveau, vous n’étiez pas de nouveau dans la nature, dans le relatif, dans la vie, dans l’infini créé, dans le temps, dans l’espace. L’infini créé, manifestation de l’infini être, ou de Dieu, embrasse tout, contient tout, excepté Dieu. L’espace est infini et continu ; le temps est infini et continu. Il n’y a donc qu’une seule vie, qui unit ensemble toutes les créatures ; et la nature se confond avec l’éternité et l’infinité. Donc toutes les questions que soulève Hamlet quand il dit : to be or not to be, that is the question, doivent se poser ainsi : après