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L’égoïsme cesse véritablement d’être l’égoïsme, pour devenir la liberté. Cet égoïsme, ou cette liberté, fonde le droit ; et le droit se trouve précisément être la charité. Ainsi la charité devient la liberté même. Donc, nulle division, nul abîme infranchissable entre le moi, ou la liberté humaine, et le semblable, ou la charité humaine. On peut s’aimer soi-même et les autres ; car on s’aime dans les autres, et on aime les autres en soi. Et s’aimer ainsi, c’est aimer Dieu ; c’est aimer Dieu, comme dit le Christ, par-dessus toute chose. Or, dès l’instant que le moi humain est réintégré dans la formule même de la charité, le principe de la charité devient organisable. Car aussitôt que le moi est légitime, les différents modes de communion de ce moi avec les hommes et avec la nature sont légitimes. La famille donc, la patrie, la propriété, sont légitimes et de droit. La société, donc, qui comprend la famille, la cité, la propriété, est légitime aussi et nécessaire. Cette famille, cette patrie, cette propriété, demandent à être organisées, non pas en vue seulement d’elles-mêmes, mais en vue de l’humanité ; car l’égoïsme humain, connaissant son intérêt véritable et son droit, demande la communion avec l’humanité tout entière. La politique, qui est la science de ces choses, prend donc pour principe l’accord de