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et comment puis-je aller vers lui ? Est-ce tout à coup ou graduellement que je dois joindre ce père de mon être et de tous les êtres ? Est-ce par la nature et par la vie que je dois progresser de ma nature actuelle vers Dieu, ou est-ce en m’élançant hors de la nature et de la vie ? Il eût fallu que le christianisme ne prêchât pas la fin du monde, mais le progrès et le perfectionnement du monde, pour que les deux autres amours, l’amour de nos semblables et l’amour de nous-même, fussent conciliables avec l’amour de Dieu. Aussi, par ce côté, cet admirable précepte de la triple charité est-il venu aboutir à l’ascétisme le plus insensé. De même pour le second des trois amours, vous me dites d’aimer mon prochain. Je veux obéir au précepte, je veux soulager les maux de mes semblables. La terre regorge de fléaux, et les sociétés pullulent de misères. L’occasion d’exercer la charité s’offre donc de tous côtés. Mais voyons si cette charité est possible, et à quelles conditions elle est possible. Il est évident d’abord, quand on songe quelle était la situation du monde à cette époque, qu’il ne fallait avoir ni femme, ni enfants, ni patrie, ni propriété, ni attachement particulier d’aucun genre à aucune chose de la terre, pour pratiquer le précepte de l’amour général des hommes. C’est