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en dehors de la vérité, l’a abandonné à la fatalité, et a créé par le fait la société laïque. aimez dieu a engendré la dévotion ascétique, les moines, les couvents, l’anachorétisme, le clergé régulier. aimez votre prochain a engendré l’église ou le clergé séculier, qui cherchait, si j’ose ainsi m’exprimer, à raccommoder les choses, à combler le vide laissé par la révélation entre la vie naturelle et la vie dévote, tâchant, autant qu’il était possible, d’harmoniser la nature et la grâce, et s’efforçant de servir de lien entre l’ascétisme et l’égoïsme, c’est-à-dire entre la vraie vie religieuse et la vie laïque. Oui, je le sais, l’église a fait tous ses efforts pour harmoniser ces trois choses : un dieu hors du monde et de la vie ; un homme à part de ce Dieu ; un autre homme, le prochain, également à part de Dieu, et à part aussi de l’homme son semblable. Mais le mal était trop grand pour que le remède fût possible. Tous les efforts de l’église ont échoué contre le vice radical de cette théologie, qui n’avait pas compris la vie. Le christianisme avait laissé nos semblables hors de nous, le monde hors de nous. Donc ni jamais nos semblables, ni jamais le monde, unis à