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l’a exposé, est fort incomplet : aussi a-t-il donné lieu à beaucoup d’erreurs. Dans quel monument du christianisme, je le demande, le principe de la charité est-il exposé et démontré d’une façon métaphysique ? Nulle part. Le lien mystérieux qui, au sein du christianisme, unissait le principe moral de la charité au sacrement de l’eucharistie, est resté voilé pour les chrétiens, au point que la charité était pour eux une chose et l’eucharistie une autre. L’eucharistie, comme on dit, était un mystère. aussi, bien qu’inspirée par la loi de la vie, la charité du christianisme ne répond pas exactement à cette loi, et n’en est pas le reflet fidèle. Le christianisme, comme je le disais tout à l’heure, a manqué le rapport de l’égoïsme saint et de la charité, en d’autres termes le lien nécessaire, l’identité au fond, et par conséquent l’identification du moi et du non-moi. d’où il est résulté que sa charité est restée sans rapport avec la liberté humaine. D’où il est résulté que le moi, ou la liberté humaine, cherchant son objet, s’est élancée vers l’amour direct de l’être infini ou de Dieu. D’où il est résulté que le non-moi, le semblable, a été lui-même délaissé et dédaigné par cette charité qui, d’après l’apparence et le nom, semblait uniquement faite pour ce non-moi, pour ce semblable.