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y a plus : la charité, dans son essence, n’avait pas encore été philosophiquement comprise ; elle restait basée sur ce que l’on appelait révélation, en même temps qu’elle servait, au besoin, de base à cette révélation ; on n’en avait pas donné, que nous sachions, une démonstration métaphysique ; et cette démonstration est sortie naturellement pour nous du principe même de l’égoïsme humain, de cet intérêt du moi dont nous étions partis. Qu’est-ce à dire ? Tout le travail de la philosophie n’aboutirait-il qu’à confirmer, qu’à expliquer le précepte du christianisme ? Non, évidemment. Car, tout en confirmant, tout en expliquant la charité, nous avons maintenu l’égoïsme. Nous l’avons, dis-je, maintenu ; nous sommes partis de lui, nous ne l’avons pas quitté, nous ne l’avons pas nié ; nous l’avons, au contraire, embrassé, et, comme je disais tout à l’heure, couronné. Or, est-ce là ce qu’a fait le christianisme ? Le christianisme est la plus grande religion du passé ; mais il y a quelque chose de plus grand que le christianisme : c’est l’humanité. Le christianisme est la vérité sans doute ; mais, puisque le monde l’a délaissé depuis trois siècles, il est évident que c’est une vérité incomplète, et par conséquent fautive à beaucoup d’égards ; c’est une vérité qui a besoin de développements, et qui,