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en vous ne souffre pas de cette privation de sentiment et de connaissance ? Vous ne vous sentez pas souffrir, dites-vous ; tout entier à la sensation, vous accomplissez la même métamorphose que les compagnons d’Ulysse sous la baguette de Circé. Mais êtes- vous sûr de ne pas souffrir ? Poussez la métamorphose jusqu’au bout, et, devenant tout à fait stupide et complètement insensible, vous voilà le plus pauvre des hommes ; car vous manquez de ce que la nature a donné à tous les hommes et vous avait donné, le sentiment et l’intelligence. Donc, par le fait même de la vie, en outrageant la nature humaine hors de vous, il se trouve que vous avez outragé la nature humaine en vous ; et qu’en appauvrissant les autres sous le rapport de la sensation, vous avez par une correspondance mystérieuse, mais nécessaire et infaillible, appauvri l’homme en vous, sous le rapport du sentiment et de l’intelligence. Je démontrerais la même correspondance nécessaire produisant le mal moral dans toutes les actions et pour tous les vices qui souillent le méchant. Je démontrerais que, de la violation de la loi d’unité et de communion, résulte inévitablement la seconde forme du mal parmi les hommes, le mal de l’oppresseur, c’est-à-dire du violateur de cette loi. Au premier coup d’œil, sans doute, et si on n’envisage