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vous anéantissez en moi mon objet possible ; par conséquent c’est m’anéantir moi-même, et c’est violer mon droit. Je démontrerais de la même façon la même chose pour l’univers. La communication avec l’univers est mon droit. Vous ne pouvez pas absorber l’univers sans m’anéantir. Vous ne pouvez donc pas non plus établir des barrières absolues qui limitent invariablement ma propriété, c’est-à-dire ma communion avec l’univers, sans blesser ma vie, puisque l’univers tout entier est mon objet possible, et que virtuellement l’univers m’appartient, à cause que, par la volonté du créateur, il est l’objet dont je suis le sujet. De là une première forme du mal, la forme relative à l’opprimé, c’est-à-dire la privation, la souffrance, l’esclavage. De là aussi le droit des opprimés. Mais rendons grâces à Dieu ! Voici le mal qui des opprimés remonte aux oppresseurs. Si le mal n’avait été le mal que pour les opprimés, le mal aurait été éternel. Mais du principe même de la vie, du principe qui fait l’homme objet de l’homme, et qui par là unit l’homme à l’homme et identifie virtuellement tous les hommes, en sorte qu’au fond et en Dieu il n’y a pas des hommes séparés et absolument distincts, mais l’homme ; de ce principe, dis-je,