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entre quatre murs ; mais l’effet destructif serait le même. L’homme n’existe pas plus dans le fini resserré et absolument limité que dans l’infini. Il a besoin du fini et de l’infini, comme il a besoin de la terre qui est sous ses pieds et du ciel qui est sur sa tête. Il est si vrai que l’homme a besoin de famille, de patrie, de propriété, que l’homme individuel, dans une autre hypothèse, n’a plus même de nom. Il ne peut ni se nommer lui-même, ni être nommé ou qualifié par d’autres ; et il n’a plus de nom, parce qu’il n’existe plus. Il ne reste de lui qu’une virtualité, mais une virtualité tout à fait inconnue, dont les manifestations antérieures n’ont laissé aucune trace, et qui, par conséquent, est aussi insaisissable et incaractérisable pour lui-même que pour les autres. Vous ne voulez ni famille, ni patrie, ni propriété : mais ne voyez-vous pas que c’est anéantir l’homme, et jusqu’au nom de l’homme ? Vous ne voulez pas de famille : donc plus de mariage, plus d’amour stable ; donc plus de père, plus de fils, plus de frères. Vous voilà sans relation avec aucun être dans le temps, et sous ce rapport déjà vous n’avez plus de nom. Vous ne voulez pas de patrie : vous voilà donc seul au milieu du milliard d’hommes qui peuplent aujourd’hui la terre ; comment voulez-vous que je vous distingue dans