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lieu de les transformer, la famille, la patrie, la propriété. Je pose donc cette question : quelle est la destination de l’homme ? La vie de l’homme, comme je viens de le montrer dans le chapitre précédent, est attachée à une communication incessante avec ses semblables et avec l’univers. Faut-il en conclure que sa destination soit de se mettre en rapport, physiquement, sentimentalement, et intellectuellement, avec tous les hommes et avec tous les êtres qui composent l’univers, ou du moins avec le plus grand nombre possible de ces hommes et de ces choses ? Non. Car si l’homme se mettait en rapport avec trop d’objets, cette mobilité continuelle l’empêcherait aussi bien d’être, que s’il ne se mettait en rapport qu’avec trop peu d’objets. Il y a une proportion nécessaire entre notre vie subjective et notre vie objective, qui constitue réellement l’harmonie de notre être et la réalité de notre existence. Un homme qui, dans la considération du monde physique, passerait instantanément d’un objet à un autre, qui, par exemple, voyagerait sans cesse dans tous les pays sans s’arrêter à en contempler aucun, n’aurait véritablement l’idée d’aucun des pays qu’il aurait parcourus. Un savant qui promènerait sans cesse son esprit de science en science, de livre en livre, serait le moins savant des hommes : autant