Page:Leroux - De l'humanité, de son principe, et de son avenir, Tome 1, 1860.djvu/186

Cette page n’a pas encore été corrigée

retrancher dans la famille pour vivre au moins là en paix ; la famille, en laissant trop de droit au père, n’en laisse pas assez au fils. Le patriarche, le chef de la famille, trouve bien son moi, sa personnalité empreinte autour de lui, dans cette famille obéissante et qui répond à ses désirs. Mais la femme, mais le frère puîné, mais l’enfant, sont anéantis devant lui. Il en est de même de la patrie. L’homme fait alliance avec d’autres hommes ; diverses familles forment un état. Mais un état ne peut exister sans qu’il y ait des chefs et de simples citoyens. Ce qui a conduit l’homme à vouloir une patrie, ce qui lui en fait un besoin, c’est de se sentir dans d’autres hommes, de retrouver son moi dans ceux qui avec lui constituent la patrie. Que ceux donc qui ont plus énergiquement en eux ce sentiment constitutif de la cité deviennent despotes, et tous les autres hommes engagés dans la cité seront esclaves. Ainsi revient encore ici la dualité du bien et du mal, de la paix et de la guerre, de la liberté et de l’esclavage. Enfin il en est encore de même de la propriété. Ici l’homme, par une véritable illusion, s’imagine que l’esclavage ne saurait l’atteindre. Comme ici son rapport avec d’autres êtres a pour objet des êtres inférieurs à lui, dont plusieurs même sont inanimés, il croit qu’il aura bon parti de ces êtres, et que de la propriété ne sortira pour lui