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est imprégnée de l’idée de la perfectibilité ! Mais en France la transmission de cette doctrine est certaine, évidente, ininterrompue ; et si l’on nous demande quels sont les pères de Turgot, de Condorcet, de Saint-Simon, nous pouvons nommer sans crainte une série d’initiateurs français, qui, sans avoir formulé comme eux la vérité générale, l’ont formulée pourtant, l’ont entrevue à différents degrés, et la leur ont transmise en germe, pour qu’ils en fissent à la fin l’explication de toute l’histoire, et l’idée même de la philosophie. L’homme donc n’est pas seulement un animal sociable, comme disaient les anciens ; l’homme est encore un animal perfectible. L’homme vit en société, ne vit qu’en société ; et de plus cette société est perfectible, et l’homme se perfectionne dans cette société perfectionnée. Voilà la grande découverte moderne ; voilà la suprême vérité de la philosophie. De même que nous possédons réellement dans cette définition : l’homme est sensation-sentiment-connaissance indivisiblement unis, toute la substance de la psychologie, c’est-à-dire de cette partie de la philosophie qui a pour objet l’esprit humain abstrait, de même dans cette définition : l’homme est perfectible, nous possédons réellement toute la substance de la philosophie générale, c’est-à-dire de la philosophie qui prend pour objet l’esprit humain à l’état concret et vivant. nous