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l’Angleterre et à l’Allemagne. Locke, Berkeley, Hume, et, à un moindre rang, les psychologues écossais, signalent la part importante que prit l’Angleterre aux recherches sur la nature abstraite de l’esprit humain. Spinoza et Leibnitz, génies incomparablement plus forts que ceux que nous venons de nommer, servirent pour ainsi dire d’intermédiaires entre la France et l’Allemagne. Spinoza, comme l’antique race dont il était sorti, n’appartient à aucun peuple, et embrasse tous les peuples. Leibnitz, tout en fondant l’esprit philosophique allemand, était encore tourné vers la France ; il écrivit pour elle, et dans notre langue, ses ouvrages les plus notables. Mais la France, occupée alors d’une autre fonction, était inattentive à d’aussi profondes méditations que celles de Leibnitz et de Spinoza ; et si, pour l’œuvre qu’elle poursuivait, elle sentait le besoin d’une psychologie, elle se contentait de la plus simple et de la plus matérielle pour ainsi dire : elle se faisait traduire celle de Locke par Condillac et Helvétius. L’héritage de Leibnitz et de Spinoza passa donc en définitive aux allemands. Wolf, le méthodique disciple de Leibnitz, constitua définitivement en Allemagne les études négligées et désertées en France. De là sortirent Kant et les successeurs de Kant. Que faisait-elle donc, pendant ce temps, la