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et par conséquent ils ne sauraient être légitimement esclaves. Enfin on peut répondre à Rousseau : l’homme n’est pas seulement une volonté : donc vingt volontés ne peuvent rien contre dix. L’homme est intelligence : donc il ne peut s’abdiquer au point d’abdiquer son intelligence. Il est sentiment : donc, quand il aurait fait l’absurde convention d’abolir en lui le sentiment ou la volonté sous le coup de la volonté générale, c’est-à-dire de la majorité, ce sentiment renaîtrait malgré lui en son cœur, et protesterait contre cet inhumain sacrifice ; donc la majorité ne saurait avoir ce despotisme absolu sur le citoyen qui embrasse tout l’homme et toute la vie de l’homme dans votre système. Confions-nous donc à notre formule, qui dit que l’homme n’est pas seulement sensation, ou sentiment, ou connaissance, mais qu’il est une trinité indivisible de ces trois choses. Nous sommes sûrs au moins qu’elle ne nous conduira ni à la théocratie comme Platon, ni à la monarchie comme Hobbes, ni à la démagogie comme Rousseau.

chapitre iii. Définition philosophique.