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VII
A. BÉRANGER.


humaine, de la connaissance humaine, c’est-à-dire par le développement de l’homme, ou des hommes, ou de la conscience humaine. Que ce but soit reculé dans un lointain indéfini et tout à fait mystérieux pour nous, cela est certain : mais doit-il moins pour cela régner dans nos ames, et n’est-il pas évident d’ailleurs qu’à mesure que nous marcherons vers ce but, de plus en plus aussi se réalisera ce règne céleste sur la terre évangélisé par Jésus, et qui, dans la forme où le Christianisme l’a présenté, n’était qu’une prophétie ?

Je cherche donc à prouver dans ce livre que c’est à ce but final que la Providence de Dieu conduit l’humanité. C’est le Dieu immanent dans l’univers, dans l’humanité, et dans chaque homme, que j’adore. C’est le Dieu dont vous avez dit :

Il est un Dieu, devant lui je m’incline.

Ce n’est ni le Dieu des idolâtres, ni le Dieu d’Épicure. Chose remarquable ! tandis qu’au dix-huitième siècle, Bolingbroke et Voltaire avaient tenté, par opposition au dieu des idolâtres, de remettre en honneur le fatalisme, sous le nom de nature, et le fantôme de Divinité impassible d’Épicure, soug le nom de Dieu, ce triste système, qui aboutissait nécessairement à deux autres, à un matérialisme grossier et à un déisme sans conséquence, n’a pu prendre les esprits sérieux ni les cœurs ardents des générations nouvelles. Les religions positives sont revenues ; et, bien qu’elles ne fussent plus que des fantômes, elles n’ont pas eu de peine à foudroyer ces autres fantômes. Mais en même temps le sentiment divin des choses a repris le dessus dans nos cœurs et dans nos intelligences ; l’idéalisme s’est révélé.