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CONFITOU
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de son fils ; c’était la même douleur qu’ils traînaient tous deux dans l’ombre des murs, l’un derrière l’autre. Et puis, le hideux propos de Gustave, en bouleversant Confitou, pensait le professeur, avait révélé l’enfant à lui-même. Il lui fallait un coup pareil pour le faire sortir de sa coutumière façon de voir et de sentir, qui avait été si bien préparée par la mère et aussi (Raucoux-Desmares ne devait pas l’oublier) par le bel équilibre des conceptions paternelles d’avant la guerre.

Confitou allait enfin comprendre que, depuis quelques semaines, on vivait dans un temps nouveau où il fallait choisir. C’était terrible, car Confitou, très intelligent, comprenait certainement que choisir, pour lui, c’était choisir entre son père et sa mère, qu’il aimait tous deux (mais il avait, bien entendu, une tendresse toute particulière pour sa mère). Quoi qu’il en fût, Confitou, lui non plus, ne pouvait plus « rester neutre ».

Il venait de voir ce que ça lui valait de ne point détester les Allemands (en dehors du kaiser et du kronprinz que sa mère lui avait abandonnés) ; on lui disait : qu’il n’était pas Français.

Suprême injure et intolérable tourment !