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CONFITOU

que je peux te dire, et je suis sûr que si elle tenait le kaiser et le kronprinz, elle leur arracherait les yeux. Ça serait bientôt fait, va !

— Eh bien ! moi, je mets tous les boches dans le même tonneau ! Tu n’as qu’à lire les journaux, mais tu es trop petit ! Tu verrais que c’est tous les Allemands qui ont voulu la guerre !

— Non, pas tous ! Bien sûr que je suis assez grand pour lire les journaux. Je les lis tous !… Maman dit que ça n’est pas vrai ! Elle dit comme ça que c’est le parti de la guerre qui a voulu la guerre. Oh ! elle m’a bien expliqué tout ça !… et le parti de la guerre, c’est l’empereur et le kronprinz !… Et encore, qu’elle m’a dit, c’est moins l’empereur que le kronprinz qui voudrait déjà être à la place de son père pour régner, et qui le pousse à la guerre pour le faire tuer, bien sûr !…

— Ça, c’est salaud ! dit Gustave ; du reste, c’est tous des salauds !

— Non, pas tous !… C’est ce que maman disait : « Ton oncle, ta tante, tes cousins, tu les connais, c’est des bonnes gens, et puis tu connais leurs amis, ça n’est pas des ogres ! Ils n’ont jamais voulu te manger ! » Vois-tu, Gustave, c’est les autres qui sont des salauds !… Il faut être juste !