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CONFITOU
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qu’ils font comme maman : ils doivent pleurer !… et tout ça à cause de l’empereur et de ce sale kronprinz ! C’est de leur faute, aussi aux boches ; pourquoi qu’ils ne sont pas, comme nous, en République ?

Raucoux-Desmares s’étonnait de ce que Gustave laissât parler si longtemps Confitou sans l’interrompre, mais il en trouva bientôt la raison en regardant la joue que lui présentait le profil de Gustave. Cette joue avait une fluxion dont il n’était pas difficile de deviner la cause. Gustave n’osait remuer la bouche de peur que l’on ne s’aperçût de son larcin et, ne pouvant croquer le morceau de sucre, il le laissait fondre. Quand celui-ci fut fondu, il dit :

— Moi aussi j’en ai connu des Allemands et je n’ai pas eu besoin d’aller en Allemagne pour ça ! Il y en avait assez en France, Il y en avait une demi-douzaine à Saint-Rémy que tu as connus aussi bien que moi et qui sont partis quelques jours avant la guerre. On dit que c’étaient des espions. Tous les Allemands sont des espions !

— Non, pas tous ! dit Confitou.

— Tu dis ça parce que ta mère est Allemande.

— Ma mère déteste la guerre, c’est tout ce