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CONFITOU
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journaux se trouvait adossé à une haie et près de cette haie était un banc. Après avoir acheté les journaux du matin qui venaient d’arriver, Raucoux-Desmares s’assit un instant sur le banc pour jeter hâtivement un coup d’œil sur les dernières nouvelles. Tout à coup, il entendit ces mots, prononcés par Confitou :

— Et moi, je te dis que les Allemands ne sont pas plus méchants que les autres, c’est le kaiser qui est méchant et aussi le kronprinz, qui est une vraie teigne. Celui-là, maman dit qu’il est fou !

Raucoux-Desmares se retourna. À travers les branches, il vit son fils qui s’entretenait avec Gustave, le garçon du café de la Terrasse.

Ce garçon de café pouvait bien avoir treize ans. C’était le fils du bourrelier. Confitou avait fait sa connaissance lorsque Freda, pour la fête de son fils, avait acheté un petit âne et une petite voiture d’osier. On était allé chez le bourrelier, pour choisir des harnais. Mais dans ce temps-là, Gustave, mal habillé, les cheveux en désordre, pleins de suif, sentait le vieux cuir et la graisse, travaillait au fond d’une échoppe obscure et Confitou le plaignait. La guerre avait changé tout cela. Le père de