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CONFITOU

— Je te le jure !

— Tu me le jures pour sauver notre amour ! Tu me le jures, parce que tu te dis que si je pensais bien à cela, que, toi ma femme, tu es capable d’avoir, en ce moment, une autre pensée que la mienne, un autre espoir que le mien, je ne pourrais plus que m’éloigner de toi avec horreur…

— C’est du délire ! s’écria-t-elle… Tu me prêtes tes sentiments et tu raisonnes à faux ! Réfléchis pendant qu’il en est temps encore… je ne comprends pas qu’un homme comme toi, un homme de science, qui a l’habitude de lire dans la pensée des autres comme dans un livre, commette une erreur aussi cruelle ! Je ne suis pas toi, moi ! je ne suis pas un homme qui hait d’autres hommes parce qu’il a été trompé : je ne suis qu’une femme qui aime un homme, son mari, et pour laquelle le reste de l’univers n’existe pas !… Toi, Français, tu hais les Allemands et je te comprends puisqu’ils ont voulu la guerre, puisqu’ils l’ont préparée, puisqu’ils t’ont fait tomber dans un guet-apens ! Tu vois jusqu’où je vais…

— Oh ! tu peux le dire !

— Je le dis, mais moi, je n’ai aucune raison pour détester les Français… Tu as toujours