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CONFITOU

J’étais triste à mourir parce que ce matin, tu t’es sauvé comme un voleur !… sans un adieu, sans un baiser !… J’avais lu le communiqué… je me rendais compte que tu m’en voulais à cause de cela !… C’est la première fois que je me rendais bien compte de cela !… Alors, j’ai eu peur, j’ai eu peur, j’ai eu peur !

Raucoux-Desmares s’était assis et l’écoutait parler sans protester. Il y eut un court silence pendant lequel ils se regardèrent et au bout duquel elle dit lentement :

— Si tu savais ce que je vous souhaite la victoire !…

Il ne s’attendait pas à cela… Il se dressa en jetant un « non ! » énergique, et il ajouta tout de suite très agité :

— Ça n’est pas vrai !

— Que dis-tu ?

— Ça n’est pas vrai ! Ça n’est pas vrai ! Je dis que ça n’est pas vrai !… et ça n’est pas vrai, parce que ça n’est pas possible que tu nous souhaites la victoire, voilà tout !…

Elle le laissa répéter son démenti tant qu’il voulut. Enfin il se tut. Alors elle alla à lui, lui mit doucement les mains aux épaules et le regarda bien dans les yeux. Sa figure était triste, mais ses yeux étaient pleins d’amour.