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CONFITOU

« Eh bien ! non, elle n’a point souffert de ses défaites, car si elle en avait souffert je l’aurais su ! Si je n’avais pas vu sa douleur, je l’aurais devinée ! Quand on s’aime comme nous nous aimons, il y a des choses qu’on ne peut pas se cacher et la douleur est la première de celles-là. Freda n’a pas souffert, mais Freda n’a pas été sublime ! Freda m’a consolé avec amour et a recueilli nos victoires sans inquiétude !… Freda n’a jamais été inquiète !… Même pendant l’avance française, Freda n’a jamais douté de la victoire allemande !…

« Et voilà tout le secret de la supériorité morale de ma femme… » conclut Raucoux-Desmares.

Encore une fois, il était atterré.

Il pensa que, dès le début du drame, il avait été traité par sa femme, sans qu’il en eût même le soupçon, comme un enfant auquel il eût été cruel d’enlever ses illusions. Elle avait été généreuse avec sécurité… Sa pitié condescendante, lors de l’affaire de Morhange, lui apparaissait à nouveau comme une offense insupportable et, maintenant qu’il se rendait compte de la position psychologique de la partie adverse, il ne pouvait penser sans rougir aux « bontés » de Freda. Que ne pouvait-elle