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CONFITOU

eût été plus forte que lui, qu’elle eût réussi là où il avait échoué, lui qui avait une âme souvent tendue vers le sublime. Était-ce possible qu’elle fût parvenue si aisément à lui cacher sa souffrance, quand lui-même, dès les premiers coups, se retournait contre elle en lui montrant ses cicatrices ?

Car elle aurait dû souffrir ! Freda aimait beaucoup son mari, mais elle aimait aussi son pays, sa race. Hélas ! Raucoux-Desmares n’ignorait point que sa femme, en dépit des apparences, était restée très Allemande dans ses goûts, dans sa pensée, surtout dans sa pensée « de derrière la tête », qu’elle réussissait souvent à dissimuler par amour pour son mari, mais que la perspicacité psychologique de Raucoux-Desmares parvenait à saisir quelquefois.

C’étaient des découvertes dont, avant la guerre, il avait daigné s’amuser en passant, comme on s’étonne, avec un sourire, de rencontrer la preuve inattendue de la défaillance passagère d’un esprit que l’on avait jugé « plus solide, plus à la hauteur… » à la hauteur de Raucoux-Desmares, bien entendu.

Sa femme, par orgueil pour lui, et peut-être aussi par amour-propre pour elle, avait tout