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CONFITOU
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monstrueuse ». Il espérait ardemment, pour la revoir, des heures plus propices, l’annonce prochaine d’une victoire, par exemple : car il y avait encore ceci dans le cas du grand Raucoux-Desmares, c’est qu’il se sentait désormais devant sa femme comme un enfant honteux d’avoir eu le dessous. Une victoire !… Il pensa tout à coup que les Français en avaient déjà remporté plusieurs et que sa femme ne lui en avait marqué aucune méchante humeur !…

Elle n’avait pas alors « changé » elle ! Elle avait continué de l’aimer et de lui sourire, sans combat et sans fièvre, tant qu’il le lui avait permis. Elle l’avait laissé se réjouir devant elle du succès de nos troupes.

Mieux, elle l’avait encouragé, aux jours d’inquiétude. C’était sublime.

Était-ce sublime ? Le terrible fut qu’il ne pensa point longtemps que ce pût être sublime. Il connaissait assez sa femme pour savoir qu’elle ne manquait ni de caractère ni de noblesse, mais enfin il croyait pouvoir affirmer que sa femme n’était pas une femme sublime. Elle l’aimait beaucoup, mais elle n’avait pas eu besoin, pour cela, de faire preuve d’une nature héroïque. Rien de ce qu’il connaissait de Freda ne lui permettait d’imaginer que cette femme