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CONFITOU
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attendant dans une angoisse indicible l’issue de ce combat des deux races, il avait oublié, lui, l’heure du communiqué, dans les bras d’une Saxonne !…

À l’hôpital militaire, lors de l’arrivée des voitures pleines de blessés, il se retourna pour cacher ses larmes. Cependant il en avait vu des blessures ! mais, pour la première fois, on lui apportait des blessures de vaincus. La bataille sur laquelle on comptait tant était perdue ! Encore une fois, ils étaient trop !

Ils étaient comme une marée irrésistible qui se répandait sur la terre, ayant brisé toutes les digues humaines. Leurs légions innombrables poussaient les flots vivants sur les flots des morts. Les aviateurs descendaient des airs avec des paroles qui faisaient frissonner les cœurs les plus solides. On rien voyait pas la fin !… L’invasion des Barbares…

Il travailla jusqu’au soir comme un damné. Ah ! s’il avait pu, en travaillant, tuer la pensée ? Mais l’expérience et l’habileté de sa main lui laissaient l’esprit entièrement libre. Et cet esprit lui faisait entendre des choses si amères qu’il ne cessa plus de pleurer. Ce fut un spectacle que de voir le célèbre Raucoux-Desmares opérer en pleurant ! Il y avait des