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CONFITOU

que mon devoir est de torturer encore ! Que n’ai-je été, moi aussi, à la frontière ! J’aurais eu une belle mort, et tu n’aurais pas cessé de m’aimer !

— Tais-toi, Pierre, tais-toi… ne dis pas que j’ai cessé de t’aimer ! C’est toi, par moments, qui sembles me détester, comme si j’étais responsable de cette affreuse chose !

— Oh ! Freda, comment peux-tu croire ?… Tu ne me connais donc pas ?

— Si, mon chéri, je te connais bien : tu es très bon, mais c’est plus fort que toi, je le vois bien…

— Qu’est-ce que tu vois ? Qu’est-ce que tu vois ?

— Il y a des moments où tu me regardes…

Ses sanglots redoublaient, malgré ses protestations. Enfin, elle se calma, elle finit par pleurer doucement sur sa joue, à lui. Ils mêlaient leurs larmes comme deux grands enfants lamentables.

— Tu restes ?… Tu restes ?…

— Mais oui, je reste… puisque tu le veux ! Je ferai ce que tu voudras, comme toujours…

— Ma chérie !… Ma chérie !…

— Je crains tout pour mon amour… mais, au moins, si nous restons ensemble, essayons de faire en sorte de ne pas nous crucifier…