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CONFITOU
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Ce que je propose est si naturel ! La guerre ne durera pas toujours !… Du reste, il est impossible que cette chose abominable se prolonge. C’est ton avis, et c’est le mien !… laisse-moi m’éloigner avec Confitou pendant la guerre… après…

— Non ! non ! non ! Je ne veux pas !… Je ne peux pas !… Et puis, où irais-tu ? En Allemagne ? …

— Tu sais bien que je n’irais pas en Allemagne ! Pourquoi dis-tu une chose pareille ? Tu sais bien qu’il me serait impossible de vivre dans un pays où l’on se réjouirait devant moi des coups qui te frappent !… Mais laisse-moi aller me réfugier dans un pays neutre, où je serai libre avec mon fils de pleurer en paix notre bonheur perdu !…

Elle éclatait en sanglots. Il avait refermé ses bras sur elle.

— Ma chérie !… Ma chérie !… Tu es meilleure !… Tu es plus forte que moi !… Ne me repousse pas ! Pardonne-moi, et console-moi ! Je suis si malheureux !… Ah ! Pourquoi n’a-t-on pas voulu de moi ? Pourquoi m’a-t-on refusé un fusil ? Si tu savais… si tu savais ce que je souffre chaque fois que l’on m’amène un de ces pauvres soldats aux chairs en lambeaux