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CONFITOU
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gent ! Ce n’était pas une raison parce qu’elle est trop petite pour nous traiter comme tu l’as fait, ton fils et moi !… J’étais fière de t’amener Confitou dans son premier costume de petit homme, dans son premier uniforme de collégien, presque un uniforme de guerre, un uniforme français. Tu nous as reçus comme des ennemis de ton pays, tu nous as raillés, tu nous as bafoués, tu nous as reniés. Oui, tu as renié ton fils. Adieu ! nous partons ! Sois heureux, Pierre ! Nous ne te gênerons plus !… Tu ne nous reverras plus jamais !…

Elle courut à sa chambre, mais il parvint à l’y suivre avant qu’elle s’y enfermât.

Il était désespéré, il se traitait de brute et, au fait, il avait agi comme une brute.

Elle lui avait connu toutes les délicatesses. Ce qui venait de se produire dépassait toute imagination. Il lui aurait donné un coup de couteau ou une gifle qu’elle n’eût pas été plus stupéfaite ni plus malade. Elle voulait partir. Elle s’en tenait à cette résolution, malgré tous ses discours pitoyables. Il finit par se taire, et s’assit, terrassé.

Elle eut pitié de lui.

— Écoute, Pierre, fit-elle en s’approchant de son mari, soyons raisonnables, veux-tu ? J’ad-