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CONFITOU

fesseur jugea qu’entre ces deux femmes venait de se passer un petit drame.

Mme Clamart n’en tendit pas moins son importante main gantée de fil blanc au professeur qui la serra.

— Au revoir, cher maître, vous devez être exténué ! Mon mari n’a pas quitté la mairie de toute la nuit dernière. Vous comprenez qu’avec les réfugiés du Nord qui commencent à arriver, on n’a plus une minute à soi. Enfin, on fait ce qu’on peut, mais tout cela est bien triste, n’est-ce pas ?

Ainsi parla Mme Clamart. Raucoux-Desmares salua sans ajouter un mot. Il s’en serait bien gardé, car il avait eu souvent l’occasion de remarquer que les femmes, à quelque classe qu’elles appartiennent, arrivent difficilement à prendre congé de leurs interlocuteurs. Si elles sont entre elles, il leur suffit d’un mot pour qu’elles repartent en discours inutiles et les « au revoir » se succèdent sans qu’elles parviennent à se séparer. Mais, dans le fait, Raucoux-Desmares n’avait rien à craindre. S’il avait hâte de savoir ce qui s’était passé entre Freda et la femme du maire, celle-ci ne demandait qu’à se sauver. Elle salua et s’éloigna en balançant majestueusement le panache