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CONFITOU
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châtiment… On ne parlait plus de la guerre, mais c’était lui, qui, l’avant-veille, lui avait dit assez brusquement : « Je t’en prie, attends que je t’en parle ! »

En se levant de table, avant de partir pour l’hôpital, il se disposait à embrasser sa femme avec effusion, quand il aperçut Confitou qui se nettoyait la bouche avec un cure-dents. C’était du luxe, attendu que Confitou n’avait pas mangé de viande et que, dans la circonstance, le fils unique de M. Raucoux-Desmares eût mieux fait assurément de s’abstenir ; mais Confitou aimait ainsi, de temps en temps, à faire des gestes « au-dessus de son âge », pour étonner le monde.

— Tu es ridicule, lui dit son père, et je t’ai déjà fait entendre que l’on ne se sert point d’un cure-dents de cette façon.

Confitou, pour montrer, en effet, sa bonne éducation, ne manquait pas de mettre, devant la main qui tenait le cure-dents, l’autre main qui cachait le travail de la première. Son père lui avait déjà expliqué que toute cette extraordinaire gymnastique ne servait qu’à attirer l’attention sur celui qui s’y livrait, dans le moment même où il désirait passer inaperçu.