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CONFITOU

guerre, ils s’étaient juré, quoi qu’il arrivât, un cœur fidèle. Elle le lui avait gardé et, en vérité, il trouvait indigne de lui de la faire souffrir, puisqu’il n’avait rien à lui reprocher.

Les premières victoires françaises ne l’avaient point attristée.

Elle était de cet avis que l’Alsace et la Lorraine annexées étaient restées françaises, que c’étaient des pays français, et que l’Allemagne en 1871 avait commis une grande faute en arrachant ces territoires à la France. « Sans l’Alsace et la Lorraine, disait-elle, il y a beau temps que les Allemands et les Français seraient devenus les meilleurs amis du monde. Ils auraient conclu une alliance qui les aurait fait les maîtres de l’univers… Eh bien, reprenez l’Alsace et la Lorraine, car cela est juste, et quand vous les aurez, il n’y aura plus de sujet de discorde entre nous !  »

En somme, plus il y réfléchissait, et plus il trouvait « qu’elle avait été parfaite ». Elle avait su, elle, lui faire oublier, dans cette tourmente, qu’elle était Allemande ; pourquoi, tout à coup, lui, s’en était-il souvenu ?…

Car c’était lui, le coupable, qui ne se confiait plus à elle comme aux premiers jours, sans qu’elle eût rien fait pour mériter un pareil