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CONFITOU
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de groseilles (un cadeau de la tante Lise à son dernier voyage), sur quoi Raucoux-Desmares dit :

— Je suis de l’avis de cette fille, ce doit être horrible, ce mélange.

— Qu’en sais-tu ? Tu n’en as jamais mangé, répondit-elle.

— Je n’en ai jamais mangé, justement, parce que j’imagine que ce doit être horrible.

— Goûtes-en une fois donc, insista-t-elle.

— Je vais t’avouer une chose, répliqua-t-il, c’est que non seulement je ne peux pas en manger, mais que je n’ai jamais pu vous voir en manger !

— Par exemple !… — C’est comme je te le dis. Je regarde d’un autre côté, sans affectation, voilà tout !

— Dis tout de suite que nous te répugnons, fit-elle, étonnée.

Il affecta de rire :

— Tu exagères, et je n’ai pas voulu te faire de peine. Que veux-tu ? Il y a des mélanges auxquels, nous autres Français, nous ne pourrons jamais nous faire, et le gigot et la confiture est de ceux-là… je ne t’en ai jamais parlé parce que j’ai l’esprit assez large, tu le sais bien, pour laisser à chaque peuple ses mœurs, ses cou-