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CONFITOU

de devenir une ruine, comme elle… Elle vit son ouvrage…

— Tue-moi !… Pierre, tue-moi !… supplia-t-elle… je suis venue pour que tu me tues !… Tu ne me réponds pas !… Mon Dieu ! comme je te fais souffrir !… Mais tue-moi donc ! mais tue-moi donc !… Qu’est-ce que tu veux que je fasse, si tu ne me tues pas ?… Surtout ne crois pas qu’il y ait eu un calcul de ma part ! continua-t-elle sur un ton saccadé et bas : quand j’ai vu les miens écrasés, couverts de sang, venir mourir jusque dans mes bras, je me suis rappelé que je pouvais les sauver, et j’ai parlé. Ça a été plus fort que moi !… Alors, je t’ai trahi ! Je vous ai tous trahis ! J’ai trahi Confitou qui s’est bien vengé, mais qui, lui, ne m’a pas trahie !… Tout à l’heure, je l’écoutais, Pierre, j’écoutais sa petite voix… sa chère petite voix volontaire qui essayait de te tromper… pour sauver sa mère !… J’aurais pu te dire tout de suite : « Ne le tourmente plus, c’est moi !… C’est moi qu’il faut interroger !… » Mais l’entendre ! comprends-tu ?… Entendre sa voix une dernière fois… une dernière fois… Il disait : « C’est comme ça !… et voilà !… C’est comme ça, parce que c’est comme ça !… » Mon Dieu ! je ne l’entendrai plus jamais dire : « C’est