Page:Leroux - Confitou.djvu/30

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

20
CONFITOU

avaient le malheur de ne pouvoir se battre avaient au moins pour devoir de ne pas dégoûter à l’avance de leur mort ceux qui allaient mourir pour eux !…

Il se laissa embrasser avec tendresse par sa femme et par Confitou, et l’on se mit à table. Il y avait du gigot. Le malheur vint de ce gigot et de Confitou.

Confitou réclama des confitures pour les mettre « dans son gigot ». Freda reprocha à Génie Boulard de n’avoir pas mis les confitures sur la table ; la Génie Boulard, qui n’était jamais à bout d’arguments, déclara qu’elle avait pensé « qu’il serait toujours temps au dessert ». Elle n’avait point l’habitude de ce service. Le valet de chambre était à la guerre. Elle ajouta : « On n’a pas idée de manger des confitures avec de la viande ! Vous finirez par y faire mal au cœur à ce petit ! »

Elle ne donnait toujours pas les confitures. Confitou, qui avait le sens des réalités, alla les chercher lui-même dans le garde-manger, et revint avec le précieux pot.

— Tiens, maman, fit-il, voilà tes confitures.

La Génie Boulard s’en alla fâchée.

Mme Raucoux-Desmares garnit alors consciencieusement l’assiette de son fils de belle gelée