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CONFITOU

grosse voix importante, cette parole sans hésitation, rapide et fière, ce front relevé, ces yeux brillants, toute cette flamme répandue sur son jeune visage si souvent pensif et assombri. Les taches de « son » dont il était criblé semblaient comme autant de petits soleils qui lançaient des rayons.

Raucoux-Desmares frissonna d’orgueil avant d’en savoir plus long. Il comprenait déjà que Confitou avait eu le droit et peut-être le devoir de tuer cet homme qui était cependant le frère de sa mère. Il ignorait toujours la raison du drame, mais il ne doutait point que lorsqu’il la connaîtrait il ne dût serrer sur son cœur Confitou triomphant.

— Tout cela ne me dit point pourquoi tu l’as tué ?…

— Eh bien ! fit-il, c’est à cause qu’il venait de tuer le pauvre père Canard, tu sais bien le père Canard qu’a une patte plus courte que l’autre, et qu’on disait toujours derrière lui : « coin ! coin ! coin ! » Eh bien ! il l’a tué ! il lui a fait éclater la tête d’un coup de revolver !… Alors, tu comprends : quand j’ai vu ça !… continua Confitou, visiblement embarrassé… quand j’ai vu ça : une injustice pareille ! n’est-ce pas ? je m’ai dit : c’est bon : je vais tuer mon oncle !…