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II


Un bain dans les eaux froides de la petite rivière avait remis instantanément Raucoux-Desmares de ses fatigues, et il se présenta au déjeuner de midi avec de l’appétit. Son humeur — en temps de paix toujours égale — n’était point hostile, car il avait eu un bon coup de téléphone de l’hôpital militaire, et un télégramme particulier, venu de Maubeuge, donnait de l’espoir pour nos armes.

Au fond, sans vouloir envisager une catastrophe qu’il travaillait assidûment à chasser de sa pensée, l’idée seule d’une bataille perdue le faisait si cruellement souffrir qu’il se jetait complètement sur le moindre indice favorable, et qu’il faisait sien le plus pauvre raisonnement optimiste. Mais le dernier de ces raisonnements-là avait encore sa vertu ; et Raucoux-Desmares considérait l’optimisme comme une propreté morale nécessaire. Aussi ne perdait-il pas une occasion de le faire rayonner autour de lui. Il disait couramment que ceux qui