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CONFITOU

lui qu’un petit Welche ! Il pouvait crever comme un chien au milieu de la route.

Mais Confitou ne « creva » point. Simplement étourdi par le choc, il rouvrit presque aussitôt les yeux pour voir disparaître son oncle au coin de la petite allée des Tanneurs, laquelle conduit, par le jeu de Paume, à la place des Marronniers.

Il se releva d’un bond, grinçant des dents et fermant, de rage, ses petites mains ensanglantées.

Il n’eut pas un coup d’œil pour la victime, pour le pauvre père Canard, dont les deux pattes, chaussées de sabots garnis de paille, se dressaient, rigides, hors du fossé ; il courut au bourreau. Et il courut comme il n’avait encore jamais couru, même quand il jouait au voleur et au gendarme avec les petits Clamart ou les Lançon…

Il rattrapa son oncle comme celui-ci arrivait sur la place des Marronniers où il y avait un grand désordre de troupes boches, auxquelles von Bohn, justement, était en train de donner des ordres, en plein devant le café de la Terrasse.

L’oncle Moritz, en apercevant von Bohn, s’était mis à courir et le rejoignait aussitôt. Il