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CONFITOU
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trembla plus fort sur ses vieilles jambes, secoua sa tête chenue et dit :

— Ma fî ! j’nons jamais entendu parler de c’Pigeonnier-là !…

L’oncle Moritz tira son revolver de l’étui qui était à son côté, et, froidement, brûla la cervelle du pauvre vieux. Confitou poussa un cri déchirant et se rua sur son oncle dans le moment même que le coup partait.

Le vieillard bascula, les pattes en l’air, dans le fossé qui bordait le chemin.

Confitou s’était jeté sur le poignet assassin et qui tenait encore l’arme fumante, et il mordit dans la chair avec une rage de petit tigre.

L’oncle le secoua et l’envoya, avec une brutalité terrible, rouler sur la route où l’enfant resta étendu… puis il remit le revolver dans son étui et reprit, à grandes enjambées, le chemin du centre de la petite ville où il était sûr d’être renseigné immédiatement sur l’endroit où se trouvait von Bohn. Il venait de perdre, stupidement, de par l’astuce naïve d’un enfant, vingt minutes dont on n’eût pu dire le prix !

Sa rage contre Confitou était immense. Son geste qui avait précipité le petit sur les cailloux du chemin l’avait peut-être tué : il ne s’en préoccupait pas. Confitou n’était plus pour