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CONFITOU
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là, dans cet orage ! Que faisait-il donc pendant que ses Teutons subissaient l’assaut des Welches déchaînés, éternels ennemis de sa race ? Était-il possible qu’il les eût abandonnés ? C’était un crime dont elle ne pouvait croire le ciel capable. Elle préféra reporter sur les siens le reproche d’une imprudence passagère ou d’une lâcheté déterminée par la trop grande douceur de vivre qu’ils avaient trouvée en France, et c’est dans les sentiments d’une magnifique irritation contre eux, qui compromettaient ainsi les desseins de la Providence, qu’elle se jeta sur son frère qui pénétrait dans sa maison.

— Où vas-tu ? lui dit-elle. Où courez-vous tous ainsi ?… Pourquoi fuyez-vous comme des chiens qu’on fouette ?… Vous n’avez pas honte d’abandonner vos frères au combat !…

— Tais-toi ! lui dit brutalement Moritz. Nous n’avons pas de temps à perdre. On dit que les Français ont passé la rivière au-dessus de nous, au pont de la « Vallée » !…

— Mais vous n’allez pas laisser les Welches anéantir les Saxons !… Tous tes amis sont là, Moritz… C’est lâche ce que tu fais là !…

Elle s’était jetée sur lui…

Au mot de lâche, il l’avait repoussée comme