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CONFITOU

cousin Fritz. « L’amant de la musique » avait une loque rouge sur la moitié du visage. Ses mains armées semblaient prêtes à lancer la foudre et ses cris racontaient la catastrophe.

Il se jeta sur le mort en l’appelant par son nom. C’étaient deux camarades qui, avant de verser leur sang ensemble, avaient vidé de compagnie quelques tonneaux de bière et goûté la joie formidable des « gross concerts ». Il jura au mort de le venger. En attendant la réalisation de ce vœu solennel, comme il avait très soif (car, de toutes façons, ce soir-là, il faisait très chaud), il demandait à boire et il précisait la qualité de la boisson susceptible d’apaiser la flamme dont il était dévoré : du champagne. Il ne disait point la marque.

Freda le régala de ses mains tremblantes.

Il lui apprenait en même temps des choses incroyables : toute l’armée allemande reculait dans une précipitation et un désordre incalculables. Depuis deux jours, les troupes de von Klück avaient refait, en arrière, plus de quarante kilomètres. Non seulement les Français étaient en train de repasser la Marne, mais encore on redoutait l’enveloppement de l’aile droite allemande.

Freda, cette fois, dut prêter une oreille plus