Page:Leroux - Confitou.djvu/269

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CONFITOU
259

qu’une Allemande qui avait épousé un Français n’en restât pas moins toujours Allemande. Mme Raucoux-Desmares lui aurait dit le contraire, qu’il ne l’aurait point crue.

Mais, dans le moment, elle ne lui dit rien du tout. Elle se contenta de recueillir son dernier souffle, de lui fermer les yeux, et de le pleurer abondamment, car elle l’aimait bien !…

Elle resta auprès du cadavre étendu sur le brancard. Confitou qui avait assisté à la scène dans un coin, sans donner signe de vie, laissait pleurer sa mère sans essayer de la consoler. Raucoux-Desmares était parti elle ne savait où, poussé par ses devoirs vers l’hôpital, ou, par l’espoir, vers les bruits de la bataille. La petite cité était pleine d’un tumulte inouï. Les troupes allemandes, depuis quelques instants, s’y bousculaient dans une confusion sans exemple. Le bombardement avait cessé, mais l’écho du canon faisait maintenant à Saint-Rémy une couronne sonore. On eût dit la ville attaquée de tous les côtés à la fois.

Tout à coup, dans la salle où Freda veillait celui qui avait été le jovial et très savant docteur de la Bibliothèque, une monstrueuse apparition ensanglantée roula vers elle. C’était le