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CONFITOU

venue pour lui sauver l’honneur et celui de l’armée saxonne. Je lui dis que, jusqu’à ce jour, mes compatriotes n’avaient jamais passé pour des bourreaux !… » Il me laissait parler… Il ne m’avait pas quitté la main… Il me la pressait… j’étais écœurée… et, tout à coup, il a voulu m’embrasser, il a approché de moi son ignoble face !…

Je l’ai encore repoussé en lui crachant mon dégoût et mon horreur et en lui disant qu’il me ferait haïr tout ce qui est allemand ! Là-dessus, il a ricané et, comme je lui avais échappé, il m’a rattrapée. Alors, cette fois, j’ai crié, et je l’ai battu, déchiré !… Ah ! tu sais, il ne m’aurait jamais eue !… Il peut fusiller vingt otages, cent otages, il ne m’aurait jamais eue ! Je t’aime trop, moi ! et mon amour pour toi me faisait plus forte que lui !… Dans le même moment, on a frappé un coup terrible à la porte. C’était un officier d’État-Major envoyé par le général de division. Il hurla un ordre qui bouleversa tout le monde et vida la kommandantur en cinq minutes. Von Bohn ne s’occupa pas plus de moi que si je n’avais pas été là. Il avait sauté sur son harnachement et disparaissait dans l’escalier, en criant des ordres. Je crois qu’ils ont autre chose à faire, en ce