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CONFITOU

Je suis très bien avec lui, moi aussi ! Je ne veux pas qu’on fusille le papa de mon ami Clamart ni le papa de mon ami Lançon ! Dépêchons-nous !…

Confitou avait pris la main de sa maman.

— Pourquoi trembles-tu comme ça, mama ? Viens ! dit-il. N’aie pas peur ! Je ne te quitterai pas !…

Il n’y eut point d’autres paroles. Freda et Confitou s’en allèrent. Les deux femmes les suivirent. Elles étaient vêtues de noir, comme si le malheur était déjà arrivé, et, avec les voiles qu’elles agitaient autour d’elles, elles avaient plutôt l’air de le déplorer que de le conjurer. Raucoux-Desmares regarda s’éloigner l’étrange cortège. Raucoux-Desmares ne bougeait plus. Il laissait faire aux dieux.

En ce qui le concernait, le sacrifice avait été consommé. Sa vie, et plus que sa vie : sa femme, qui lui était autrement précieuse que sa propre chair, il consentait à tout donner s’il fallait tout cela pour suspendre les coups du destin ; et c’est peut-être pour le récompenser qu’il eût consenti à arracher son cœur, qu’au moment même où il allait s’immoler sur l’autel de la patrie, une intervention divine, par le truchement de Confitou, s’était produite qui