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CONFITOU
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Raucoux-Desmares se passait les mains sur le visage, sur les yeux, d’un geste lent, incessant, inusité, bizarre et certainement inconscient. Voulait-il qu’elle ne le vît pas ? Voulait-il s’empêcher de la voir ?…

Certainement, il aurait voulu de la nuit autour d’eux, de la nuit pour mieux voir en eux ! Ce n’était qu’à tâtons qu’il aurait le courage de descendre l’escalier du gouffre intérieur…

Comme elle continuait de parler et de s’étonner de son attitude pitoyable, il la supplia à voix basse de ne plus rien dire…

— Ne parlons plus !… Ne parlons plus ! je n’ai plus rien à te dire, et toi, tu n’as plus rien à me dire… Silence !…

Ils étaient maintenant en face l’un de l’autre, comme deux choses mortes… Ils ne s’entendaient même pas respirer. Chacun écoutait son propre silence… Et, tout à coup, ils remontèrent en frémissant du fond du gouffre ; quelque chose, à l’extérieur, les appelait. C’était du bruit. C’étaient des voix. Il y avait en face d’eux deux femmes : Mme Clamart et Mme Lançon. Du fond de quelle cave accouraient-elles ?… Du fond de quel abîme remontaient-elles, celles-là, pour venir dire, à Raucoux-Desmares et à sa femme, la parole