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CONFITOU
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quelques jours surtout. Il l’aimait, mais il y avait des moments où il trouvait monstrueux de l’embrasser… Il avait beau en vouloir chasser l’idée, l’idée était de plus en plus là, qu’elle était Allemande. Elle pouvait dire tout ce qu’elle voulait… elle en était… elle appartenait à la horde !…

Elle était venue de là-bas en apportant avec elle tout ce qu’une éducation allemande, tout ce que « l’esprit » allemand ne laisse jamais s’égarer : des mœurs, une certaine façon d’être et de penser qui reste toujours chez la femme allemande, même quand elle épouse un étranger, et même une certaine façon d’élever ses enfants qui n’appartient pas aux mères françaises… Horreur !… Confitou, élevé par sa mère, avait été élevé à l’allemande !…

Raucoux-Desmares, à cette pensée aiguë qui lui transperçait le cœur comme avec une lame, se souleva en gémissant. Freda eut un mouvement ; il s’arrêta. Elle tourna la tête vers le mur, sans sortir de son sommeil agité. Alors il put quitter la pièce.

Il pénétra dans la salle de billard dont il ouvrit une fenêtre ; il avait besoin d’air ; l’idée de son enfant élevé par une mère allemande l’étouffait. Que savait-il de Confitou, de cette