Page:Leroux - Confitou.djvu/240

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

230
CONFITOU

— Reste ici, je t’en supplie !… ne bougeons pas… ne bougeons pas ou nous sommes morts ! Ah ! je ne te laisse plus partir !… si tu savais les minutes que je viens de vivre !… Restons ensemble !… Restons tous les trois ensemble !… que rien ne nous sépare plus !…

Elle s’accrochait à lui. Tout à coup, la porte qui donnait sur le jardin s’ouvrit et une femme, une infirmière de la Croix-Rouge, dont la figure était l’image même de la terreur, se jeta dans leurs bras : « Sauvez-le ! Sauvez-le ! »… C’était Valentine.

En quelques phrases, elle leur apprit ce qu’ils ignoraient encore : son fils Louis avait été arrêté pour avoir tiré sur von Bohn avec un pistolet Flobert ! Louis jurait qu’il n’avait pas tiré sur l’oberstleutnant. « S’il avait tiré il le dirait ! je le connais ! il s’en vanterait ! ! !… » Von Bohn n’avait, du reste, pas été blessé. Valentine croyait à une erreur et à une coïncidence effroyables. Depuis qu’il était de retour, Louis s’exerçait à tirer dans le jardin avec ce pistolet de deux sous, avec cette arme de foire. Elle avait voulu le lui reprendre, il l’avait caché et il devait continuer à s’exercer quand elle n’était pas là. Cela ne faisait aucun bruit, il se croyait tranquille. Von Bohn avait dû