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CONFITOU

Confitou en fut comme grisé. Ses petites narines palpitèrent comme si elles aspiraient une odeur délicieuse. Confitou avait la prétention de respirer l’odeur de la poudre. N’est-ce pas ainsi que respirent les vrais guerriers dans la bataille ? Confitou était certainement né pour faire un capitaine comme l’oncle Moritz, et non un professeur comme papa. Il ne pensait plus à étonner le monde par sa science chirurgicale. Il ne pensait plus à soigner la main écorchée des petites filles. Il avait même tout à fait oublié ses devoirs de charité envers ses petits réfugiés qu’il avait abandonnés aux femmes, à sa mère et à la Génie Boulard. Est-ce que Napoléon soignait les blessés ? Dans les gravures, dans les images où on le représentait, traversant à cheval le champ de bataille, il ne les regardait même pas ! Il marchait dessus !…

Quand on fait la guerre, il ne faut avoir pitié de personne, et il ne faut avoir peur de rien. Confitou courut du côté où il avait entendu les derniers coups de fusil. Justement, par là, au-dessus des toits, montait un épais tourbillon de fumée et on entendait des cris de femmes tout à fait perçants. Elles criaient « plus fort que les coups de fusil », raconta Confitou.

Comme il allait se jeter dans la rue du Bac,