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CONFITOU
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tage, de cette belle enfant, toujours gaie, douce et sentimentale. Il pensait… : « tous les jours davantage… » Il pensait qu’il ne l’avait jamais autant aimée… Il pensait « : à cinquante ans, on aime plus qu’à quarante ». Et la guerre venait d’éclater. C’était effrayant !

Déjà, depuis le 3 août, ils avaient vécu de tristes heures, mais il en redoutait de plus sombres. Ce qui s’était passé jusqu’alors n’avait fait, en somme, que resserrer les liens qui les unissaient. L’horreur de cette lutte à mort entre les deux races les avait jetés aux bras l’un de l’autre dans un désespoir qui était encore de l’amour. Comment eût-il cessé de l’aimer puisqu’elle continuait de le comprendre ? Il n’y avait pas encore eu entre eux de sujets de querelle. Elle avait admis tout de suite qu’il dût combattre au premier rang et ne l’avait point détourné de son dessein de prendre du service actif ; mais, en refermant ses beaux bras sur son Pierre, elle avait juré de ne point lui survivre ; et elle était sincère. Elle avait accordé au patriotisme fiévreux de son époux tout ce qu’il exigeait sans qu’il eût même à l’exiger ! Ainsi, il était bien entendu que le crime de la guerre avait été ourdi à Berlin, et elle s’était unie à lui pour le maudire. Elle disait : « Pour-