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CONFITOU
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Qu’est-ce que je dirais à ta mère s’il t’arrivait quelque chose ?

En passant devant les petits Lançon, Confitou détourna la tête. On était arrivé devant le café de la Terrasse qui, par ordre, avait été réouvert.

Il n’y avait là que des officiers servis par leurs ordonnances et aussi par Gustave qui, en se mettant à la disposition de ces messieurs, n’avait fait qu’obéir à la prière du maire.

— Tu sais où tout se trouve et tu connais le service, on te paiera avec des bons ou autrement, et, même si l’on ne te paie pas du tout, obéis… Cela vaut mieux que de laisser tout piller par les soldats. En voyant le café fermé, ils voulaient tout défoncer !

Gustave, moins humilié de servir les Boches qu’enorgueilli de l’importance du rôle patriotique que lui assignait le maire, avait renoué à sa jeune taille son tablier de garçon de café. Toutefois il avait refusé de se laisser refriser. Quand il vit entrer Confitou entre les deux officiers boches qui le tenaient par la main, il fit : « Oh ! » et recula d’un pas, manquant dans le même moment de s’étrangler avec le morceau de sucre qui était en train de fondre sous sa joue. Puis, profitant de ce que les deux offi-